Étienne ANDRÉ

Biographie

Dès son plus jeune âge, Étienne André fait rapidement ses premières apparitions dans des œuvres cinématographiques malheureusement inconnues du grand public. On notera en particulier « Vacances chez grand-mère » (1986), « Les Enfants jouent dans la piscine du jardin » (1988), « Promenade en forêt avec le chien » (1992), ou encore « Communion de François (première partie) ».

L’achat d’un camescope pendant son adolescence lui permettra la réalisation d’œuvres torturées et radicales. Cette période faste s’arrêtera à la mort aussi brutale qu’inexpliquée dudit camescope qui, dit-on, ne survécut pas à une énième chute.

Puis, fuyant vainement la médiocrité du cinéma français, cantonné selon lui dans une post-nouvelle vague incapable de se renouveler, on le retrouve aux quatre coins du monde, mais quand même surtout en Asie, où ses frasques avec la gent féminine locale auront alimenté les chroniques scandaleuses de plus d’un tabloïd.

C’est à Ouagadougou que sa collaboration avec le cinéaste rennais Jonathan Lerivray débutera, avec « Silence, on coupe ! », œuvre malheureusement introuvable aujourd’hui. Cette collaboration donnera lieu à la trilogie, dite mouldy green, initiée par Le Regard de l’ornithorynque, court-métrage aux multiples influences mêlant poésie onirique et fantasmes crus, qui se poursuivra avec Le Jour où l’ascenseur est tombé dans le puits, violente critique d’une société où les jeunes, laissés à eux-mêmes dans une société qui ne veut pas d’eux, se doivent de choisir entre les soldes et les ascenseurs. C’est enfin dans le dernier volet de la trilogie, Un arrière-goût de cannelle, que l’absence de dialogues atteindra son paroxysme, servie par un montage mené de souris de maître, avec une distance que seule la récurrence du pixel vert moisi pouvait créer.

S’ensuivra une inégale carrière en solo, sous le pseudonyme de eNoz, qui nous vaudra notamment Pratiquement jamais rien, court-métrage n’en finissant pas de finir, et valant à Étienne André la réputation de chef de file du cinéma-moche-où-il-ne-se-passe-pratiquement-jamais-rien.

C’est dans Une histoire d’amour que son style le plus abouti se révèle brutalement au grand public, succession de plans criants de mutisme utilisant un noir et blanc cinglant, dans une Belgique langoureuse et pluvieuse. Incompris dans les différents festivals où il aura été projeté, le court-métrage se verra décrit par ses détracteurs comme sans amour et sans histoire.

Après Thinking, court-métrage qui réconciliera enfin les sciences exactes avec le cinéma, Étienne André offre Drama de chambre au public parisien, qui le remarquera lors des festivals Paris Cinéma et Courts Devant. Après deux années d’une séparation que l’on croyait définitive, il s’octroie de nouveau pour l’occasion les services de Jonathan Lerivray, qui excellera dans l’art de la confection du générique de fin.

C’est enfin au cours de l’été 2008 que tout bascule : parti à Taïwan pour y faire du tourisme dont la nature profonde restera obscure, Étienne André fait l’objet de chroniques de plus en plus sulfureuses dans la presse locale. Sombres démêlés avec la police locale rapidement étouffés en haut lieu, plaintes de jeunes filles mystérieusement retirées, de nombreuses affaires ternissent alors un peu plus la réputation du réalisateur français. C’est alors que, prenant ses détracteurs à contre-pied, il réalise Un temps de silence, un temps de lumière, plongée métaphysique dans les affres d’une jeunesse taïwanaise dépourvue de repères, qui divisera jusqu’à aujourd’hui les universitaires, jamais à même de trancher entre une fiction silencieuse ou un documentaire lumineux. Insensible à son génie, criant d’une seule voix au scandale, le monde du cinéma lui fermera les portes de tous les festivals.

À la suite de cet échec cuisant, sa vie de débauche sentimentale et son obsession à appliquer le nihilisme productif à sa vie professionnelle achèveront de compromettre les dernières chances d’avenir de ce cinéaste, qui avait pourtant enflammé plus d’un critique à ses débuts. Il vivrait aujourd’hui reclus dans un sombre réduit de 8m2 en banlieue parisienne, bien que de persistantes rumeurs le décrivent marié à deux femmes et vivant de la culture du riz dans le delta du Mékong.